Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES RITES DE LA FERTILITE DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE

Issue 28
LES RITES DE LA FERTILITE DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE

Nombreuses et variées sont, dans le patrimoine populaire de nos pays arabes, les manifestations qui renvoient à des sujets aussi importants que le mariage ou la fécondité.

 

La procréation est en effet considérée comme l’une des valeurs essentielles de nos sociétés arabes. Elle est même un objectif primordial dans la vie d’une femme. C’est par l’enfantement que celle-ci consolide sa place au sein de la famille et dans sa vie conjugale. Dans certains milieux ruraux, la femme qui n’a pas enfanté n’est pas digne de vivre maritalement.
En un mot, la femme n’est reconnue qu’à raison de sa capacité à donner la vie.

Quelles que soient les qualités – beauté, lignée, haute moralité, richesse… – de la femme qui a été choisie pour épouse, tout s’efface devant cette valeur suprême qu’est la procréation.

Donner au mari des héritiers, et surtout des héritiers mâles, est un impératif fondamental dans la vie des ruraux. Bien souvent on les entend proclamer que les enfants sont « l’ornement de la vie terrestre », qu’ils sont une « bénédiction divine ». Les enfants sont en effet appelés à constituer cette force de travail qui va accroître les revenus de la famille et rassurer le clan quant à la préservation de ses possessions et à l’immortalité de son nom. Les hommes font enchère de fierté et d’orgueil autour de leurs enfants car ceux-ci seront leur consolation autant qu’ils contribueront à l’expansion et à la ramification de la famille à travers les mariages et la multiplication des liens avec les autres familles.

Cette question qui a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs a nourri des œuvres de notre patrimoine populaire, en proportion de la place centrale qu’occupe la procréation dans nos sociétés.

L’un des facteurs qui expliquent la forte natalité qui prévaut dans les familles rurales est la faible position de la femme dans le foyer, du fait de cette épée de Damoclès suspendue sur sa tête que représente le droit de l’homme de la répudier ou de prendre une ou plusieurs autres épouses, droit qui fait que la femme n’a de cesse de donner des enfants à son époux pour renforcer sa position dans le foyer et protéger sa famille. Le plus souvent, le milieu rural insiste sur le fait que la procréation est de la seule responsabilité de la femme, car l’homme avec sa puissante musculature ou tout simplement parce qu’il est homme ne saurait faillir. Une telle vision ne fait, bien entendu, que raviver le machisme constitutif de nos sociétés.

Objet et objectifs de l’étude :
L’étude vise à mettre en évidence la valeur de la procréation dans la société égyptienne, à travers l’enquête menée dans certains villages du district de Souhaj, en Haute-Egypte ;
elle s’attelle à mettre en lumière certaines pratiques populaires auxquelles se livrent les femmes dans la région étudiée en vue de procréer et d’enfanter ;
l’étude tente ensuite d’élargir l’enquête à des pratiques similaires en matière de fertilité que l’on peut observer dans les différentes sociétés arabes ;
elle vise aussi à préciser les règles définitoires en ce qui concerne certaines notions répandues dans la société étudiée, telles que la kabsa (idée de compression) ou la mouchahara (idée de publicité) ;
nombreux sont les rites de la fertilité, mais l’auteur se limite, ici, aux pratiques de la fertilité liées à la mort ;
 l’étude tente de faire le lien entre les rites de la fertilité – en rapport avec la mort – et les mythes anciens.

 

Ashraf Ayoub Muawadh
Égypte

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