Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES PRATIQUES MUSICALES EN OCCIDENT ET CHEZ LES ARABES : SIMILITUDES ET POINTS DE RENCONTRE

Issue 49
LES PRATIQUES MUSICALES EN OCCIDENT ET CHEZ LES ARABES : SIMILITUDES ET POINTS DE RENCONTRE

Aziz Ouertani  (Tunisie)

Parler des rapports en général entre musique arabe et musique occidentale ne peut se faire sans revenir à certains témoignages et sources historiques. Mais il convient auparavant d’aborder, ne serait-ce que de façon succincte, les éléments de base qui furent à la base de ce rapport, né à l’origine d’une vision liée à la dualité Orient/Occident : « Une telle dualité s’est construite sur la base d’une réalité humaine qui ressortit en premier lieu au simple fait que les hommes s’orientent par rapport au lever et au coucher du soleil, en se servant de la main droite et de la main gauche pour déterminer les deux autres directions  qui se trouvent à la verticale de l’axe reliant l’est à l’ouest. » C’est cette attitude primordiale qui constitue sans aucun doute le fondement du rapport dialectique qui existe dans les différents domaines entre Orient et Occident. De nombreux chercheurs ont plutôt défini à partir d’un autre point de vue le rapport entre orient et occident, en mettant à la base l’appartenance géographique, en tant qu’elle constitue une unité de mesure de l’identité culturelle et civilisationnelle. 

Mais sans doute faut-il commencer, en ce qui concerne la relation entre les Arabes et l’Occident dans le domaine musical, par revenir aux premiers indices d’un contact culturel entre les deux rives de la Méditerranée. 

Le plus probable est que la première rencontre entre ces deux rives que l’histoire artistique a retenue eut lieu en Andalousie, point axial du passage de la civilisation arabo-musulmane – et partant de la musique arabe – vers l’Europe.  C’est en effet en Andalousie que la civilisation des Arabes a prospéré pendant huit siècles, et que l’art arabe a trouvé le terreau fertile qui lui permit de se développer et de s’ouvrir sur le monde. 

Il en a résulté que le contact culturel au plan du discours musical à travers les époques ne fut pas unilatéral, ce qui signifie qu’il n’y eut pas assimilation des modèles  musicaux de l’Occident ou, de façon plus précise, adoption sans réserve de tels modèles dans la pratique musicale des Arabes. En remontant à l’âge des conquêtes arabes, le moment où l’interaction entre les deux cultures fut, au cours de l’histoire et peut-être même jusqu’à nos jours, la plus profonde, la plus intense et durable, fut celui de la renaissance musicale arabe qui fut transmise de la Bagdad des Abbassides à l’Andalousie par Ziryab avant de gagner le reste de l’Europe. L’Andalousie fut en effet la base historique à partir de laquelle les recherches occidentales les plus fouillées sur les débuts de la renaissance de la musique classique en Europe virent le jour et que les arts de la composition musicale et du chant purent se développer.

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