Revue Spécialiséé Trimestrielle

QUELQUES EXEMPLES DE JEUX POPULAIRES ET DE COMPÉTITIONS SPORTIVES AU MAROC Leur signification et leur dimension culturelle et civilisationnelle

Issue 64
QUELQUES EXEMPLES DE JEUX POPULAIRES  ET DE COMPÉTITIONS SPORTIVES AU MAROC Leur signification et leur dimension culturelle et civilisationnelle

Moulay El Zahid Alaoui

Maroc

Le patrimoine marocain comprend un grand nombre de jeux et sports populaires qui frappent par leur diversité et témoignent de la profondeur et de la richesse de la culture marocaine. Outre la cavalerie dont l’ensemble des tribus du pays se disputent la maîtrise et la suprématie, d’autres jeux se sont répandus parmi les tribus du pays sous diverses formes et appellations. Si tous ces jeux ont pour fonction directe le plaisir, le divertissement et la construction des corps, ils visent également à diffuser parmi les jeunes générations un ensemble de valeurs et de vertus telles que la retenue, l’audace, la détermination, le courage et le développement des capacités intellectuelles. 

Si les jeux populaires qui sont connus au Maroc depuis les temps les plus anciens n’ont toujours pas bénéficié de toute l’attention qu’ils méritent dans les études historiques, les œuvres venues de l’étranger n’ont cessé, par contre, d’avancer sur la voie de la collecte et de la consignation des informations sur le sujet. Ce travail s’était d’abord inscrit dans le cadre d’une politique culturelle coloniale visant à connaître la mentalité et les us et coutumes des Marocains afin de faciliter l’entreprise de domination et de mainmise sur le pays. Mais, de leur côté, les Marocains allaient, au cours de la même période coloniale, mettre à profit ces jeux et en faire un moyen pour affronter l’occupant étranger et récuser les thèses qu’il cherchait à accréditer.

La présente étude est une enquête sur le patrimoine culturel marocain, et plus particulièrement sur un domaine d’une grande richesse culturelle et sportive. Elle porte également sur la façon dont le colonisateur a pu exploiter les jeux au service de ses visées expansionnistes, en même temps que sur la riposte des Marocains qui ont transformé ces jeux en autant d’armes culturelles efficaces pour affronter et déjouer les plans des autorités coloniales.

Les jeux populaires et les compétitions sportives au Maroc se sont développés en tant qu’expression de l’identité culturelle et de l’âme patriotique de la nation, mais aussi en tant que forme de combat contre le colonialisme, le racisme et le sous-développement. C’est pourquoi ils doivent en toute circonstance se dérouler en-dehors de tout fanatisme, qu’il soit national ou régional, et servir des objectifs et des visées aussi nobles que la libération des corps et des esprits et l’acquisition des hautes vertus. Tels sont en effet les principes fondamentaux que tout sportif se doit de défendre afin que l’euphorie de la victoire ou le choc de la défaite ne lui fassent rien perdre de son équilibre et de son humanité. 

Il est également nécessaire d’œuvrer à développer les jeux traditionnels et populaires en tant qu’ils représentent un moyen d’éducation aussi riche qu’influent qui joue un rôle efficace dans la formation de la personnalité de l’enfant et contribue à son équilibre intellectuel, social, moral, psychologique et physique. Un tel objectif ne peut être atteint que par la revivification, la conservation et l’amélioration des différentes composantes de ces jeux, le tout conjugué à la réactualisation des règles, à la réorganisation et au développement des conditions et moyens de la pratique sur les terrains, mais aussi à la reconnaissance de la valeur éducative de ces jeux. Leur intégration aux programmes officiels doit s’imposer, en tant qu’ils représentent une composante aussi essentielle au cursus scolaire que les autres matières enseignées dans les institutions éducationnelles. De même, ces jeux doivent-ils être inscrits dans les projets culturels dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine, lequel constitue l’expression d’une civilisation, celle de la société marocaine en particulier, et celle de la société arabe et musulmane en général.

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